Cette contribution se propose de montrer comment la douloureuse Histoire franco-algérienne agit à travers le corps de la narratrice dans Garçon manqué et Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui, deux textes d’inspiration autobiographique. Même si la protagoniste n’a pas vécu la colonisation et la guerre d’indépendance, son corps, produit de significations culturelles et discursives (Foucault), est le témoin du conflit franco-algérien qui se manifeste aussi bien physiquement que psychiquement sous forme d’angoisses, de phobies et d’autoculpabilisation. Nous mettons cette autoculpabilisation en rapport avec quelque chose d’impersonnel, car hérité de l’histoire familiale dans le contexte historique. Pour se faire, nous avons recours à la lecture de Judith Butler du mythe d’Antigone ; tandis que chez Antigone la confession entraîne la condamnation de son corps, nous montrons comment l’écriture chez Bouraoui acquiert une dimension thérapeutique et évite une issue fatale.
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